Depuis plus de trois décennies, la photographe Joss Dray sillonne la Palestine pour « donner à voir des visages et des vies ». En 1989, pendant la première Intifada, elle découvre le camp de réfugiés de Jénine, l’un des creusets de la résistance palestinienne. Là, elle suit le projet éducatif mené auprès des enfants par Arna Meir-Khamis, une militante communiste israélienne qui créera pour eux une école de théâtre en 1994. Au printemps 2002, durant la deuxième Intifada, le camp est ravagé par l’armée israélienne, qui, loin des caméras, massacre de nombreux civils. Dray décide alors d’engager un « travail sur la mémoire » avec les « enfants d’Arna ». Elle organisera plusieurs missions de création et des expositions dans le camp. Composé de clichés pris au fil des ans par l’auteure, mais aussi par les habitants eux-mêmes, cet ouvrage bilingue français-arabe entend restituer l’« histoire vivante partagée avec les réfugiés » pour témoigner de l’« ardeur d’une société à exister et à reconstruire ce qui ne cesse d’être détruit ».