Je viens d’effectuer un voyage d’une dizaine de jours en Cisjordanie avec le réseau Chrétiens de la Méditerranée, qui avait invité un-e représentant-e de l’UJFP à participer à ce voyage.
Ce réseau diffuse l’appel Kairos de chrétiens de Palestine, document qui appelle à la résistance, notamment à BDS, et a fait l’objet de nombreux adhésions et soutiens.
Le voyage était composé de 46 participants. Il était ouvert à des non-croyants, et trois musulmanes y ont participé.
Les quelques participantes portant des noms à consonances arabes ont bien entendu été longuement interrogées à leur arrivée à l’aéroport de Tel Aviv …
La dernière fois que j’avais participé à un voyage en Palestine c’était dans le cadre de la mission judéo-arabe lors du Forum Mondial de l’Education en octobre 2010.
Je me réjouissais de pouvoir manifester une solidarité directe avec le peuple palestinien et je savais qu’en tant que Juif j’allais être confronté à de nombreuses questions des participants.
Mais je ne m’étais pas posé la question de savoir si le voyage allait confirmer ou infléchir ma vision de la solidarité avec le peuple palestinien.
Un rapport détaillé sur ce voyage sera réalisé par des participants et des photos publiées. En attendant voici de premières impressions et de premières convictions.
Le programme, très riche, dont j’évoque plus bas des souvenirs qui m’ont marqué, comprenait :
- des rencontres de nombreuses personnalités religieuses chrétiennes, de responsables divers liés à l’Autorité Palestinienne, de Mustapha Barghouti de l’Initiative Nationale Palestinienne, d’Omar Barghouti de la direction palestinienne de BDS, de Michel Warchawski de l’AIC, de Marie-Armelle Baulieu de la revue Terre Sainte, de Abdelfattah Abusrour du Théâtre Al Rowwad du camp de réfugiés Aïda …,
- la participation à la manifestation hebdomadaire de Bil’in contre le mur d’apartheid,
- la visite de deux camps de Bédouins,
- la visite de très nombreux lieux culturels, etc.
Les visites étaient animées par des guides palestiniens.
Alors qu’une logique traditionnelle voudrait que je détaille les visites et discussions puis tire des conclusions, la démarche inverse, basée sur de nombreuses discussions et de nombreux constats sur place, me parait plus porteuse.
1. Nous avons constaté que le peuple palestinien continue de résister dans sa vie quotidienne malgré ses divisions.
Il ne subit pas jusqu’à présent d’émigrations massives.
Comme l’isolement d’Israël dans l’opinion publique internationale et la solidarité internationale se poursuivent, la question qui se pose à nous est simplement : comment soutenir efficacement le peuple palestinien ?
2. En même temps l’avenir est incertain. La situation du Moyen-Orient s’embrase, et il n’est pas possible de prévoir à quoi conduira le chaos actuel. Certains interlocuteurs ont évoqué une troisième guerre mondiale. D’autre disent que de telles situations peuvent aboutir aussi bien à de mauvaises qu’à de bonnes surprises (l’exemple de la chute du mur de Berlin a souvent été évoqué). La population palestinienne vit cette incertitude, mais elle ne capitule pas. Ses réalisations et ses projets destinés à survivre dignement continuent de se développer.
Alors ne passons pas un temps démesuré à envisager différents scénarios du futur. Vivons le présent !
3. Comment se positionner sur l’enjeu que représente aujourd’hui la Palestine dans un monde marqué par les tragédies qui ébranlent d’autres pays du monde arabe et provoquent des massacres et des migrations massives ? Est-ce que la question palestinienne serait devenue moins importante ? Est-ce qu’au contraire elle reste centrale ?
Beaucoup d’interlocuteurs que nous avons rencontrés estiment que la Palestine est devenue partie intégrante des conflits et guerres au Moyen-Orient et qu’il n’y a pas lieu de la considérer exagérément comme un cas à part, même s’il est toujours important de rappeler que la situation actuelle dans tous ces pays est historiquement liée aux conséquences du sionisme.
Concrètement les luttes contre les fondamentalismes religieux d’où qu’ils viennent, contre les colonialismes ou néo-colonialismes, pour la justice et pour un vivre ensemble constructif, sont des engagements clefs dans le vaste ensemble que représente le Moyen-Orient, dont fait partie la Palestine. Le danger de Daesh, qui, il faut toujours le rappeler, frappe surtout des populations arabes ou musulmanes, a souvent été évoqué.
4. L’objectif : un Etat palestinien ou un Etat binational ou autre ?
Si j’aborde cette question qui n’est pas notre priorité militante, c’est pour souligner les réponses que nous avons recueillies.
Beaucoup parmi les participants au voyage espéraient découvrir les facteurs de construction d’un Etat palestinien.
Nous avons réalisé que la grande majorité de nos interlocuteurs, y compris ceux travaillant pour l’Autorité Palestinienne, ne croient plus, face à la colonisation galopante, en la possibilité d’un Etat palestinien viable mais qu’ils sont convaincus que cette situation n’empêche pas le peuple palestinien de résister pour conquérir ses droits.
Deux exemples :
a) Un ministre de l’A.P. nous a dit qu’Israël a tué la possibilité de deux Etats mais pas la résistance du peuple palestinien.
b) Le gouverneur de Jéricho a fait un discours introductif pacifiste, disant que les Israéliens sont bienvenus s’ils ne s’en prennent pas aux Palestiniens et que les propositions de Fabius à l’ONU lui donnent espoir.
Quand je suis intervenu pour dire qu’il n’y avait rien à attendre de Fabius, qu’Israël souhaite que Jéricho soit un bantoustan auto-administré et que la seule politique efficace sont les sanctions dont BDS, il a répondu “je suis d’accord avec tout ce que vous venez de dire” et qu’une issue à un seul Etat lui conviendrait aussi dès lors que les Palestiniens auraient acquis leur dignité et l’égalité.
L’UJFP a toujours affirmé qu’il ne nous appartient pas de décider quelle peut être la forme étatique dans laquelle le peuple palestinien peut acquérir ses droits. Je rajoute à titre personnel que militer aujourd’hui pour un « Etat palestinien aux côtés d’Israël » c’est propager de dangereuses illusions et engager des forces militantes dans une impasse, même si toute autre issue n’est pas pour demain non plus.
Que pour des raisons tactiques ou autres les représentants officiels de l’A.P. ou du Hamas ne renoncent pas à cet objectif dans les instances internationales, cela peut se comprendre, mais le rôle du mouvement de solidarité n’est pas de les représenter mais de s’engager pour les droits concrets du peuple palestinien : contre l’occupation et la colonisation, contre le blocus de Gaza, pour l’égalité des droits des Palestiniens d’Israël, contre la judaïsation de Jérusalem, pour le droit au retour des réfugiés, pour la libération des prisonniers, pour des sanctions efficaces contre Israël …
D’ailleurs la majorité des Palestiniens (point souligné par Abdelfattah Abusrour) n’adhère ni au Fatah ni au Hamas.
5. L’avenir de l’Autorité Palestinienne
Nous avons constaté l’actualité de cette question, un interlocuteur ayant souligné que l’Autorité Palestinienne facilite la politique des autorités israéliennes.
Ce n’est un secret pour personne, l’ « Autorité » (avec ou sans guillemets) Palestinienne salarie à la fois des personnes corrompues ou opportunistes, mais aussi des milliers de gens honnêtes, parfois opposés à sa politique jugée collaboratrice – plusieurs parmi nos guides faisaient partie de cette catégorie.
Dans l’hypothèse d’une éventuelle future auto-dissolution de l’A.P., le sort de dizaines de milliers de fonctionnaires sera indéterminé. Ce paramètre est important.
6. La communauté chrétienne en Palestine
Depuis la création de l’Etat d’Israël, beaucoup de chrétiens palestiniens ont émigré, mais le poids antisioniste de la communauté chrétienne subsiste malgré sa baisse démographique.
Un curé précise à Birzeit : il y a 1,2% de chrétiens en Palestine dont 40% à Ramallah et 70% en région de Bethléem, le peuple palestinien est le plus laïc de tout le monde arabe, mais un extrémisme est né en Arabie Saoudite et au Qatar.
Le gouvernement israélien avait affiché une tentative de diviser chrétiens et musulmans, mais sa politique implacable de colonisation et de judaïsation du système éducatif a fait échouer cette tentative.
Les chrétiens s’opposent au projet du mur séparant le monastère et le couvent de Crémisan, et Mgr Michel Sabbah, malgré son âge avancé, a été récemment malmené par les militaires israéliens alors qu’il s’interposait pour empêcher l’arrestation d’un jeune manifestant palestinien.
D’autres manifestations ont lieu régulièrement contre l’appropriation d’une propriété chrétienne dans le sud de la Cisjordanie.
Les enseignants des écoles chrétiennes en Israël font grève contre les baisses drastiques des subventions de l’Etat et des enseignants chrétiens de Cisjordanie ont rallié ce mouvement par solidarité.
Les chrétiens se considèrent comme Palestiniens comme tous les autres Palestiniens.
Ils dénoncent clairement le sionisme, qu’il soit juif ou chrétien (les Etats-Unis compteraient 40 millions de chrétiens sionistes !), ainsi le curé de Taybeh qui a expliqué que la racine de la persécution du peuple palestinien est le sionisme international.
Les écoles et universités chrétiennes sont souvent considérées comme des établissements d’excellence. Ainsi la députée palestinienne Haneen Zoabi est diplômée d’une école paroissiale de Nazareth.
Les chrétiens sont aussi artisans d’un dialogue inter-religieux.
Nous avons vécu l’un de ces dialogues à Birzeit, en présence du curé de la paroisse, d’un ancien curé de Gaza et d’un imam.
Je suis intervenu pour rappeler qu’il existait en Palestine avant le développement du sionisme une communauté juive et que les trois communautés, musulmane, chrétienne et juive, vivaient en bonne intelligence, et pour rappeler également que l’antisémitisme qui a conduit au génocide nazi a été impulsé non pas par des arabes mais par des Européens ; l’imam a alors traversé la salle paroissiale pour venir m’embrasser.
7. La culture, vecteur essentiel de la résistance.
Nous avons effectué de nombreuses visites à tonalité culturelle.
Très bonne pièce de théâtre, sans paroles, du théâtre Ashtar à Ramallah. Une jeune israélienne vaque à des occupations paisibles chez elle. Alors arrive un homme avec une valise. Il montre un document qui semble être un titre de propriété et une photo de famille ancienne. Puis s’engage entre les deux acteurs une lutte pour l’occupation de l’espace (c’est-à-dire la scène du théâtre). A un moment ils sympathisent et dansent (accord d’Oslo ?). Puis la lutte reprend, l’homme réussit finalement à occuper le maximum d’espace, et envoie à la fin de la pièce un avion en papier (roquette ?) en direction du territoire de l’israélienne. Réaction spontanée d’une participante : « Il aurait quand même pu lui accorder un peu plus d’espace ». Mais bien vite les participants comprendront : la pièce dénonce la « symétrie » entre Juifs israéliens et Palestiniens.
Université de Birzeit.
Elle été la première université palestinienne. C’était d’abord une école primaire en 1924, puis un collège. Elle a été créée en 1967 (avant les étudiants allaient au Liban).
Il y a 13000 étudiants, de toutes les disciplines sauf la médecine.
Dans les années 1990 a été créé un « Institut de la loi » avec l’aide du gouvernement français.
L’université a été fermée sept fois du fait de l’occupation, notamment de 1987 à 1993, mais elle a continué à Ramallah.
Plusieurs professeurs et élèves n’ont pas pu occuper leurs postes suite au refus d’Israël.
La coopération avec l’Université française a cours sous la forme d’un consortium.
La majorité des étudiants sont des femmes.
L’Université est un lieu de résistance ; nous avons vu des plaques commémoratives d’étudiants assassinés.
Un responsable nous a dit : « Notre ministère de la Défense, c’est l’éducation ».
Nous avons visité le chantier du futur musée de la Palestine.
Il s’agit de l’un des plus grands projets de la Palestine. L’idée de ce musée a germé en 1998, soit 50 ans après la Naqba. Son ouverture est prévue en mai 2016.
Il présentera 200 ans de culture palestinienne. Il repose sur l’idée d’un lien entre tous les Palestiniens et contiendra une collection d’objets qui les relie à l’Histoire.
Sa surface sera 3500 m² et il est prévu que dans 10 ans elle soit 6500 m².
Sa conception sera intégrée à l’environnement, écologique, ce qui est peu répandu en Palestine.
Les architectes sont irlandais et les financements seront palestiniens.
Il présentera beaucoup d’histoires personnelles.
L’objectif est de montrer une autre image de la Palestine. Ce sera une anti-thèse d’Oslo, qui a voulu séquestrer le peuple palestinien.
La Palestine sera restituée dans toutes ses dimensions.
Tout le projet sera sur internet.
Nous avons visité aussi le mémorial et musée dédié à Mahmoud Darwish (belle réalisation) à Ramallah ainsi que le mémorial dédié à Yasser Arafat, le « Puits de Jacob » à Naplouse, les ruines du palais omeyade d’Hisham et un atelier de mosaïque à Jéricho, le site de Qumran où furent découverts des manuscrits de la Mer Morte (visite avec un guide palestinien qui a démystifié la présentation sioniste du site), Taybeh village chrétien qui produit une bière célèbre, l’église de la Nativité et le Champ des bergers à Bethléem, Sebastia dont le site contient des ruines importantes dont la mise en valeur est interdite par Israël (le site est en zone C), la belle mosquée d’Hébron dont les autorités sionistes ont confisqué une partie pour y greffer une synagogue … vraiment pas du tout intégrée à son environnement palestinien .
La valorisation par le peuple palestinien de sa culture est très importante : elle contribue à ce qu’il « garde le moral » et lui permet de maintenir et renforcer son identité collective.
8. Les Juifs qui soutiennent le peuple palestinien.
Ils sont considérés comme une catégorie juive certes minoritaire, mais moins qu’avant et en tout cas suffisamment importante pour gêner l’Etat d’Israël.
Omar Barghouti en a fait état.
Et Mustapha Barghouti a dit que pour les autorités israéliennes il y a 4 catégories de gens :
1. Eux et leurs supporters : ce sont les gens bien
2. Les Palestiniens, qui sont les terroristes
3. Les amis du peuple palestinien, qui sont les antisémites
4. Les Juifs qui soutiennent les Palestiniens : ils ont la haine de soi et gênent beaucoup l’Etat d’Israël
9. L’importance de BDSElle a fréquemment été soulignée.
L’exposé d’Omar Barghouti et le débat qui a suivi ont mobilisé les participants.
Omar Barghouti a expliqué la dimension fédératrice de BDS pour le peuple palestinien : contre l’occupation et la colonisation, pour l’égalité des droits des Palestiniens d’Israël, pour le droit au retour des réfugiés.
Il a souligné sa dimension antiraciste, non-violente, a présenté les importants succès obtenus, a expliqué que BDS fait peur à Israël parce qu’Israël n’a pas de stratégie pour combattre les mouvements non-violents.
Mustapha Barghouti a dit que le meilleur soutien au peuple palestinien est le développement de BDS.
Michel Warchawski a souligné que le boycott culturel a un grand impact.
10. Autres souvenirs
A Ramallah, nombreuses constructions luxueuses. Cette ville est la bulle décrite par Benjamin Barthe dans « Ramallah Dream ». Le luxe de notre hôtel était indécent (par exemple téléphone supplémentaire dans les toilettes des chambres).
Manifestation à Bil’in.
Nous avons participé à la manifestation hebdomadaire à Bilin. Il y a eu peu de lacrymo cette fois-ci.
Participation de jeunes polonais avec un drapeau de Solidarnosc.
L’après-midi après la manif nous avons visité l’espace gagné sur le mur initial suite à un procès ; il contient des plaques explicatives, une plaque émouvante sur la vie de Bassem (qui a été tué, ce que raconte “Cinq caméras brisées”) que j’ai photographiée, un jardin d’enfants, de nouvelles cultures – et un vaste paysage avec un village palestinien au loin et une colonie de l’autre côté du nouveau mur.
Sur le mur, le tag : WHATEVER THEY TRY, PALESTINE WILL NEVER DIE ! (Ils pourront tout essayer, la Palestine ne mourra jamais).
Rencontre avec des animatrices du camp de réfugiés de Balata à Naplouse.
Visite de deux camps de Bédouins.
Celui de Fasayil Al-Wusta dans la Vallée du Jourdain a récemment fait l’objet de multiples démolitions.
Celui de Jabal Al-Baba, peuplé de Bédouins expulsés du Néguev lors de la Naqba, occupe des terres cédées aux Bédouins par le Vatican, qui les a lui-même reçues du roi de Jordanie. Il est menacé de destruction parce que situé dans la zone E1 contigüe à Jérusalem et qu’Israël veut annexer.
Bethléem.
La maire a délégué un adjoint pour nous recevoir parce qu’elle était malade.
Hypothèse/plaisanterie : c’est peut-être la visite de Macron la veille qui l’a rendue malade.
La gestion palestinienne de Bethléem est un cas unique. Alors que la population ne comporte plus que 40 à 45% de chrétiens selon l’adjoint au maire qui nous a reçu, le statut municipal instauré sous Arafat subsiste : 8 sièges sur 15 sont réservés à des Chrétiens (le ou la maire a alors toujours été chrétien-ne) et au moins 3 sièges sur 15 sont réservés à des femmes. Mais chrétiens et musulmans vivent en fraternité.
60% de la population vit en rapport avec le tourisme, qui a augmenté au cours des dernières années, mais l’occupation, le mur, les colonies et le déficit en eau sont des obstacles.
Il y a des embouteillages tous les jours, et les ressources en eau se trouvent en zone C.
Nous avons visité l’Université catholique : elle a été créée par les Franciscains, se concentre sur les disciplines du tourisme, de l’hôtellerie et de l’infirmerie, et 70% des étudiants sont des filles (une délégation de quatre d’entre elles a répondu à nos questions).
Jericho.
C’est une ville atypique, à la fois géographiquement (climat tropical, palmiers, zones désertiques proches) et par son ambiance moins marquée par l’occupation.
C’est probablement la seule ville où l’on accède par un check-point … palestinien !
Nous avons vu une caserne de soldats palestiniens rassemblés.
Dans la mairie une pièce est un petit musée avec des effets personnels ayant appartenu à Yasser Arafat : Jéricho est la première ville où il a séjourné après les accords d’Oslo.
Jérusalem.
Nombreuses visites de la vieille ville et d’autres quartiers.
Nous avons vu les femmes palestiniennes qui interviennent dans certaines rues pour empêcher les colons de pénétrer sur l’esplanade des mosquées ; plusieurs télévisions étrangères étaient présentes.
Accueil au consulat de France
Question : des amis de la Palestine sont régulièrement refoulés de l’aéroport de Tel Aviv alors que des criminels de guerre israéliens viennent librement en France : qu’en pensez-vous ?
Réponse : ces ennuis à l’aéroport arrivent même à certains parmi nos employés.
Nous avons pu intervenir pour certaines personnes en difficulté, et vous pouvez vous signaler auprès de nous avant de partir en Palestine. Quant aux criminels de guerre qui viennent en France, nous ne pouvons pas contrevenir à la liberté de circulation.
Un détail : les services du consulat nous ont offert un apéritif, et parmi les boissons il était proposé du vin de l’abbaye de Latroun. Il est intéressant de préciser que le site de Latroun, où les troupes jordaniennes avaient résisté en 1948, a été annexé par Israël lors de la guerre des 6 jours en 1967.
Les oliviers, les collines, les murettes …
Collines grandioses et arides aux pentes plantées de rangées d’oliviers séparées par des murettes en pierre sèche. Ces paysages vus tous les jours depuis l’autobus qui nous transportait sont un symbole fort de la terre palestinienne. Il a fallu de nombreux siècles, avant la colonisation sioniste, pour les aménager.
Conclusion : les deux types de solidarité qui sont apparus les plus importants sont le soutien à des projets concrets qui permettent au peuple palestinien de vivre dignement, et le développement de la campagne BDS.
Nous nous sommes demandé si la participation à un comité de soutien à la création du musée de Palestine ne serait pas une initiative bienvenue.
Quel que soit l’avenir, la solidarité avec le peuple palestinien est porteuse de valeurs pour un monde meilleur et pour lesquelles nous nous engageons ici-même : l’antiracisme, le vivre ensemble dans l’égalité et la justice, l’engagement pour la paix dans le monde. La solidarité avec le peuple palestinien dans notre contexte en France est un devoir moral et politique.
Paris, le 15 septembre 2015
Jean-Guy Greilsamer, coprésident de l’UJFP