Deux palestiniens de la résistance pacifique témoignent

vendredi 20 / 11 / 2015  à 19h30 , à la Maison des Associations de Chambéry à l’invitation de l’AFPS                   

Deux palestiniens de la résistance pacifique témoignent

Soirée 20 novembre Photo

Suhad Hasheem Shraim, dans la région de Qalqilia, agit depuis 1986 au sein de l’organisation Palestinian Medical Relief Society (PMRS) au service des populations les plus vulnérables et défend leurs droits à la santé en particulier pour les femmes. Elle organise des visites autour du Mur de l’apartheid pour les étrangers, elle explique la situation de Qalqilia et montre ce qui se passe sur le terrain, elle fait des interventions sur l’importance du boycott d’Israël pour en finir avec l’occupation.

Un bref rappel historique. En 1949, 78 % de la surface de la Palestine sont à Israël, « un véritable vol en plein jour » dit- elle. Les expulsés devenus réfugiés n’ont pas oublié le droit au retour stipulé par la résolution 181 de l‘ONU. Restaient 22 % mais pas d’état palestinien, la Cisjordanie étant sous mandat jordanien et Gaza sous mandat égyptien. Puis Israël occupe en 1967.

Qalqilia est un cas typique. En effet pourquoi Israël s’est- il intéressé à cette région ?

La plus à l’ouest, près de la ligne verte, à 12 km de la mer, la ville est au-dessus de la plus grande nappe phréatique ouest avec 53 % de toute l’eau de Cisjordanie.

Après 1967, Israël a imposé des restrictions à la consommation d’eau. Le Mur à cet endroit haut de 8 mètres, profond de 2 mètres, barbelés, caméras de surveillance,…a été tracé à la fois pour relier les colonies locales -sur les cartes, il a la forme de « doigts »- et pour confisquer les terres et l’eau.

Qalqilia ne peut pas fournir l’eau aux villages environnants qui sont alimentés par une compagnie israélienne à un prix double de celui des colonies. Les forages israéliens sont davantage profonds et les colonies ont 40 fois plus d’eau que les palestiniens!.

Cette commune auparavant de 27 km² a perdu beaucoup de superficie (terres agricoles et arbres fruitiers) après l’armistice de 1949 ; actuellement 4 km² pour 40 000 habitants, sorte de réfugiés sans avoir quitté leurs terres…

Autour de Qalqilia se trouvent des groupements de villages palestiniens non reconnus par Israël. L’explication vaut le détour. Les habitants sont des expulsés de 1948 réfugiés ici qui pensaient pouvoir revenir chez eux au bord de la mer. Ils ont donc attendu.

Après 1967, les autorités israéliennes ont dit « Ces villages n’existaient pas avant 1948, ils ne figuraient pas sur les cartes, donc ils n’ont pas d’existence légale «. Les maisons sont menacées de destruction, il n’y a aucun service et à certains endroits pas d’électricité, des terres sont confisquées.

Certains villages sont complètement encerclés par le Mur d’où les difficultés que l’on imagine quand surviennent des accidents (incendies,..) ou des urgences de santé (accouchements imminents,..). Les contrôles sont tatillons et tracassiers y compris quand les palestiniens rentrent chez eux.

Pour rejoindre leurs terres, les fermiers doivent montrer leurs autorisations de passage, attendre que les portails gardés par des soldats s’ouvrent et seulement 3 fois par jour! Transporter du matériel agricole nécessite un permis. Même les troupeaux de moutons ont un permis!!

Cette situation rend le développement économique impossible d’où la pauvreté, alors que cette région a des terres riches pour les arbres fruitiers et agrumes, les légumes,…

 

Salah al Khawaja habite près de Ramallah, il est l’un des fondateurs du comité populaire contre le Mur dans son village, il coordonne les activités de l’organisation « Stop the Wall ». Il a été arrêté plusieurs fois pendant et après la 1ère Intifada, la première fois il avait 15 ans. Il a passé au total 10 ans dans les prisons israéliennes. Il est l’un des membres actifs du Comité national BDS. Il est membre de la coalition de défense contre l’accaparement de la Terre et membre du Comité du dialogue et de la réconciliation nationale entre le Fatah et le Hamas. Il est titulaire de deux masters universitaires.

« Nous n’accepterons jamais l’occupation. Nous ne deviendrons jamais des esclaves » dit-il.

Ce qu’Israël n’a pas obtenu militairement, il a essayé de l’obtenir politiquement par des accords internationaux.

Il prend l’exemple de la Cisjordanie. De 1967 à 1978 (en 11 ans), 22 000 colons s’installent. En 1978, l’accord de Camp David avec l’Egypte donne les mains libres à Israël. De 1978 à 1993 (donc en 15 ans), 123 000 colons s’installent. Puis Israël utilise les accords d’Oslo de 93 comme un parapluie pour s’étendre en accélérant la colonisation . Aujourd’hui on dénombre 750 000 colons.

La colonisation a transformé les villes palestiniennes en cantons équivalent à des prisons à ciel ouvert. Les confiscations de terres sont des crimes de guerre. Israël contrôle 85 % des terres de cette région . Les zones et terrains militaires occupent 12 % de la surface de la Cisjordanie. L’eau est vendue 5 fois plus cher aux palestiniens.

650 check-points, également les barrages volants mis en place puis déplacés pour des contrôles sans explications, sans oublier les couvre-feux subits et parfois prolongés.

Puis l’exemple de Jérusalem Est. En 1967, 72 000 habitants et ni colons, ni colonies.

En 2002, on compte 252 000 palestiniens et 212 000 colons. Puis le Mur est construit et 145 000 palestiniens se retrouvent à l’extérieur donc ne sont plus citoyens de la ville !!

Actuellement 350 000 colons résident à Jérusalem Est et autour.

Autre exemple, la vallée du Jourdain, zone visée par Israël depuis 1967. 28 % de la surface de la Cisjordanie ; les sources sont nombreuses ; 42 % des animaux de la région.

365 000 palestiniens y habitaient avant 1967; puis les colonies, les camps militaires. Aujourd’hui il reste seulement 65 000 palestiniens c’est-à-dire 20 % par rapport à 1967. Le projet est entre autres que les colonies du Jourdain soient reliées à celles de l’ouest.

Israël dit être le seul état démocratique au Moyen-Orient. En fait il est criminel et terroriste. Il croyait avoir gagné les cœurs et les consciences dans le monde mais son échec est manifeste.

Le peuple palestinien souffre quotidiennement mais sa résistance est inflexible. Sa lutte opiniâtre est dirigée non pas contre le judaïsme mais contre le sionisme.

La résistance populaire mène des actions diverses associant les marches hebdomadaires contre le Mur, la campagne « Vous n’êtes pas seuls » pour aider les fermiers et paysans, des manifestations de protestation.

Une vidéo nous montre une centaines de manifestants pénétrant pacifiquement avec une forêt de drapeaux palestiniens dans un supermarché d’une colonie pour dénoncer la colonisation qui détruit leur économie. Les soldats et policiers israéliens sont un peu déboussolés au début.

Sur une autre vidéo, également une centaine de manifestants palestiniens établissent un village de toile appelé « porte du soleil» sur un terrain d’un ancien village. Vingt tentes sont montées en 3 heures, avec groupe électrogène, eau, vivres, ce qu’il faut pour tenir avec l‘effet de surprise. Les médias sont présents, indispensables pour diffuser et faire connaître cette action pacifique. 500 soldats arrivent de nuit pour les chasser, 220 arrestations.

De nouvelles formes de manifestations apparaissent. Des jeunes font des trous dans le Mur « comme pour qu‘il tombe«, rebouché le soir même par l’occupant. Ou bien ils coupent des clotures de grillages, ils bloquent des routes reliant des colonies.

 Le BDS est une participation majeure au soutien des palestiniens.

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